AFP - Sur la façade de la basilique Saint-Pierre, un portrait géant de
mère Teresa attend dimanche les fidèles pour la messe de canonisation
célébrée par le pape François, qui fera sainte la religieuse des plus
déshérites, dix-neuf ans après sa mort.
Quelque 100.000 personnes
ont reçu un sésame pour vivre cet événement sur la place Saint-Pierre.
Parmi elles, Teresa Burley, enseignante américaine s'occupant à Naples
d'enfants handicapés, explique que mère Teresa a inspiré sa vocation.
"Je porte son prénom et j'ai grandi en admirant ce qu'elle faisait pour
les pauvres et les enfants", confie-t-elle. "Nous sommes là pour nous
aider les uns les autres, mais aussi pour ceux qui ne peuvent pas
s'aider eux-mêmes", insiste Teresa.
Le rituel catholique de la
canonisation, qui nécessite deux miracles attribués au futur saint, fait
tiquer certains croyants comme Belquiz Almodovar, venue tout
spécialement de New York avec un groupe d'une cinquantaine de
paroissiens. "Les miracles sont difficiles à prouver, mais ils arrivent
au quotidien", élude-t-elle. "Ce qui importe, c'est que mère Teresa a
encouragé des milliers de personnes à être plus aimantes et plus
généreuses. Elle était profondément humaine et elle a tellement donné de
sa personne!".
Un Brésilien, dont le témoignage a ouvert la voie
à la canonisation de mère Teresa, a raconté vendredi devant la presse
conviée au Vatican (600 journalistes sont accrédités pour la
canonisation) comment il s'était, selon lui, brusquement remis de
tumeurs au cerveau en 2008 grâce aux prières répétées adressées à la
religieuse.
"Infatigable bienfaitrice"
De nombreux Indiens
ont également fait le déplacement, comme Kiran Kakumanu, 40 ans, venu à
Rome avec ses parents et son frère. Il fut béni par mère Teresa
lorsqu'il était encore dans son berceau et a choisi de devenir prêtre.
Pour Abraham, un Indien expatrié à Londres, "mère Teresa pratiquait
réellement le christianisme, alors qu'une majorité de chrétiens se
contentent d'en parler".
La canonisation, prévue en présence
d'une douzaine de chefs d'Etat, constitue un temps fort du Jubilé de la
miséricorde voulu par le pape argentin. La religieuse au sari blanc
bordé de bleu "mérite" d'être proclamée sainte, a souligné samedi matin
le pape François lors d'une catéchèse sur la place Saint-Pierre. Elle
était "une infatigable bienfaitrice de l'humanité", avait lancé Jean
Paul II lors de sa béatification en 2003, cérémonie qui avait alors
attiré 300.000 fidèles à Rome.
Ralenti sous Benoît XVI, le
dossier de canonisation a été relancé sous François, qui voit dans Mère
Teresa une incarnation de son idéal d'une "Eglise pauvre pour les
pauvres"... même s'il a déclaré qu'il aurait eu "peur" si cette petite
femme déterminée et empreinte d'absolu avait été sa supérieure. Une
canonisation constitue la déclaration officielle qu'une personne décédée
est au paradis. Pour cela, le futur saint doit avoir obtenu deux
miracles, l'un pour la béatification, l'autre pour la canonisation,
signes de sa proximité avec Dieu.
Mère Teresa -née en 1910 dans
une famille albanaise à Skopje et décédée le 5 septembre 1997 dans la
maison-mère de sa congrégation à Calcutta- a reçu le Prix Nobel de la
paix en 1979. En 1950, elle avait fondé en Inde les Missionnaires de la
Charité, qui comptent aujourd'hui 5.000 religieuses consacrant leur vie
aux plus pauvres et vivant dans une grande austérité.
Son
actuelle supérieure générale, mère Mary Prema Pierick, a rappelé
vendredi au Vatican que l'objectif de mère Teresa n'était pas de
"supprimer la misère" à Calcutta et dans le monde, mais "d'apporter de
l'amour à des individus qui souffrent".
Dotée d'une notoriété
mondiale, la religieuse a été parfois critiquée pour n'avoir pas usé de
son influence auprès des décideurs et s'attaquer aux racines de la
pauvreté.Des écrits publiés après sa mort ont révélé en outre qu'elle
s'est sentie rejetée par Dieu pendant la majeure partie de sa vie,
allant jusqu'à douter de son existence.
Né Agnes Gonxhe Bojaxhiu
le 26 août 1910, Mère Teresa est venu en Inde en 1929 comme une sœur de
l'ordre Loreto. En 1946, elle a reçu ce qu'elle a décrit comme un "appel
dans l'appel" pour fonder un nouvel ordre dédié aux soins pour les plus
mal aimés et indésirables, les «plus pauvres des pauvres."
Elle a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1979.
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